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Monseigneur Irénée a ordonné le diacre John Palmer à la prêtrise le 21 avril 2013

Avril 21, 2013
Monseigneur Irénée a ordonné le diacre John Palmer à la prêtrise le 21 avril 2013.

Le dimanche 21 avril 2013, Son Excellence Monseigneur Irénée a présidé la Divine Liturgie à l’église orthodoxe Saint Vladimir d’Halifax en Nouvelle-Écosse. Ont concélébré avec Son Excellence le chancelier de l’archidiocèse du Canada, l’archiprêtre Anatoliy Melnyk, le recteur de la paroisse St. Vladimir, l’higoumène Vladimir (Tobin), le secrétaire de l’archidiocèse du Canada, le protodiacre Nazari Polataiko, et le diacre John Palmer. Après la Grande Entrée, le diacre John a été ordonné à la prêtrise. Son Excellence a fait un sermon édifiant aux fidèles. Après la célébration a eu lieu une réception au cours de laquelle le prêtre nouvellement ordonné John Palmer s’est adressé ainsi à Son Excellence et à toute l’assistance :

Votre Excellence, Révérends Pères, bien-aimés frères et sœurs,

Aujourd’hui, grâce aux prières de très nombreuses personnes, je me suis présenté en tant que candidat à la prêtrise et me suis ainsi approché du plus effrayant des mystères chrétiens.

Selon saint Paul, un prêtre est celui qui agit « pour les hommes dans les choses se rapportant à Dieu », offrant « des dons et des sacrifices pour les péchés » (Hébreux 5:1). Ainsi, lorsque le seul Verbe de Dieu, la deuxième personne de la sainte, consubstantielle et vivifiante Trinité, est devenu pleinement homme lors de l’Incarnation et qu’il s’est ensuite offert à la mort de la Croix pour le salut de toute l’humanité, il est devenu pour nous le « grand prêtre souverain » (Hébreux 4:14) préfiguré dans l’Ancien Testament, d’abord dans la prêtrise du Lévitique, puis dans la mystérieuse figure de Melchisédech. Et maintenant, « …que le mystère de sa divine prêtrise est descendu jusqu’à l’agence humaine, il se propage non à compter d’une lignée familiale, non plus que selon le choix de créatures de chair et de sang, mais sans égard à un privilège de paternité et de transmission selon l’hérédité, les hommes qui sont appelés à le dispenser sont ceux que le Saint Esprit a préparés » (Saint Léon le Grand, Sermons III, [1]).

La grâce de cette participation à la prêtrise du Christ a d’abord été accordée aux Apôtres qui sont allés de par le monde, baptisant les hommes dans sa mort (Romains 6:3), les absolvant de leurs péchés conformément à la déclaration du Christ à l’effet que tout ce qu’ils auraient lié sur la terre serait lié dans le ciel et que tout ce qu’ils auraient délié sur la terre le serait dans le ciel Matthieu 18:18), et célébrant le mystère du corps et du sang du Seigneur par lequel la mort du Christ est proclamée « jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Corinthiens 11:26). Les Apôtres, conformément à la volonté de Dieu, « prièrent et imposèrent les mains », à des hommes, « de bonne réputation, remplis de l’Esprit et de sagesse » (Actes 6:3-6), qui leur succéderaient dans l’exercice de la prêtrise du Christ. À leur tour, ces évêques – ou archiprêtres – ont partagé une part de leur ministère avec des hommes qu’ils ont ordonnés à l’ordre de la prêtrise, toujours à compter de l’imposition des mains lors de l’ordination.

Il est beaucoup demandé à celui que Dieu a appelé à être, selon saint Nectaire de Pentapolis, « …l’organe visible du Saint Esprit qui est à l’œuvre invisiblement dans l’Église » (Guide pastoral, 2.[2], 23). Le portrait du prêtre est brossé dans les écritures d’une manière saisissante comportant les différentes facettes de notre tradition; ainsi, par exemple, saint Paul, qui nous a laissé rien de moins qu’un manuel sur la prêtrise dans ses épîtres aux saints Timothée et Tite, enseigne qu’un candidat à l’ordination doit être « irréprochable » (1 Timothée 3:2).

La description de saint Paul a par la suite été développée dans les textes de nos saints Pères théophores; ainsi, dans la Hiérarchie céleste attribuée à saint Denys l’Aréopagite (La Hiérarchie céleste. 5.1.[7]), le prêtre a la responsabilité de superviser la seconde étape de la vie spirituelle, celle de l’illumination. En d’autres mots, il doit conduire les hommes jusqu’à la charnière même de l’union avec Dieu, une responsabilité des plus terribles si l’on prend en considération les mots de saint Grégoire le Théologien nous rappelant qu’« il est d’abord nécessaire d’avoir été purifié avant de purifier; d’avoir été rendu sage avant de rendre sage; d’avoir été illuminé avant d’illuminer » (Second Discours théologique. [71]).

Enfin, saint Nicodème de la Sainte Montagne nous rappelle que le prêtre doit être le « …conseiller des gens, désigné par Dieu pour les servir, leur indiquer la voie droite et les convaincre qu’elle l’est, plutôt que de leur donner l’ordre de la suivre » (Guide du conseiller spirituel, 181). Cependant, pour y arriver efficacement, pour prouver que l’Évangile est plus que des « paroles plausibles de sagesse humaine », il doit, toujours selon saint Grégoire le Théologien, soit pouvoir accomplir des miracles en raison de sa sainteté, soit avoir une profonde connaissance de la sainte tradition de l’Église : « Dites-moi seulement une chose », écrit-il, « pouvez-vous exorciser les démons, délivrer un homme de la lèpre ou un mort de la tombe; le paralytique a-t-il eu reçu de vous l’usage de ses membres ou le contact de votre main sur les malades a-t-il chassé le mal? C’est de cette façon que vous arriverez à me convaincre d’avoir peu d’estime pour la connaissance » (Poème 12 : Sur lui-même et les évêques. [211-215]).

Nos très chers amis sont venus par avion de la Virginie de l’Ouest pour être avec nous et on a demandé à Matthew, le sous-diacre que vous pouvez voir sur la photo, de tenir le livre pour l’évêque lors de l’ordination. Cela revêtait une importance particulière, étant donné que la conversion de toute ma famille à l’Orthodoxie a commencé lorsque mon frère a fait la connaissance de Matthew Long qui, à cette époque, était un converti à l’Orthodoxie (en compagnie de son épouse) en Nouvelle-Écosse.

Il m’a tout d’abord introduit à vous, Votre Excellence, qui m’avez accordé votre confiance en m’ordonnant au diaconat il y maintenant deux ans de cela. C’est avec votre permission et votre bénédiction que j’ai pu passer du temps dans le pays orthodoxe béni de Grèce en vue de mon progrès spirituel. Et, pendant tout ce temps passé en Grèce, je ne me suis jamais senti privé de vos prières, ainsi que de votre attention et intérêt paternels.

Il m’a été donné un père spirituel qui a cheminé sur la voie étroite des commandements du Christ et qui a donc été pour moi le plus sûr des guides.

Lorsque je me trouvais en Grèce, j’ai eu cette bénédiction de servir à l’église Saint-Antoine-le-Grand de Thessalonique, sous l’œil attentif du professeur émérite de Patristique, le protopresbytre Theodoros Zisis. J’ai trouvé en Père Theodoros non seulement quelqu’un qui connaît la tradition orthodoxe, mais également quelqu’un qui en est une vivante expression.

Deux amis en particulier ont aussi droit à ma reconnaissance pour le rôle qu’ils ont joué en relation avec les événements d’aujourd’hui; ma vie s’est retrouvée profondément liée à celle du diacre Matthew Penney, mon beau-frère, et de son épouse, la diaconesse Catherine, d’une manière telle qui ne peut être que le fait de la Providence divine. Nous avons terminé nos études ensemble et amorcé notre combat chrétien à peu près en même temps; mon épouse et moi les avons ensuite suivi en Corée où nous avons passé un an ensemble après mes études de Maîtrise, puis ils nous ont suivi en Grèce où nous nous sommes retrouvés une fois encore ensemble durant trois des six années passées là-bas. Chacun à leur manière, ils ont été pour moi un soutien et une source d’humilité.

Il me faut remercier Dieu pour l’environnement familial dans lequel j’ai été élevé. J’ai grandi dans un foyer rempli d’un immense amour, sous l’œil vigilant de parents consciencieux qui m’ont encouragé à apprendre les vertus plaisant à Dieu et ont essayé de me protéger des vices destructeurs de l’âme.

Enfin et surtout, Dieu m’a donné une épouse qui m’est un soutien constant et une source d’inspiration. Elle connaît mieux que moi quelles sont les responsabilités d’un membre du clergé et m’encourage toujours à vivre d’une manière conforme à ma vocation. Dans les innombrables moments de noirceur, désespoir et tentation, c’est elle qui a joué le rôle de consolatrice.

Il m’est donc impossible de prétendre être autre chose que le premier parmi les pécheurs, étant donné que personne n’a accompli aussi peu que moi qui ai pourtant reçu une telle abondance de présents.

S’ajoutent à mes appréhensions les sévères avertissements qu’on trouve dans notre Tradition à l’endroit de ceux qui ne réussissent pas à répondre à leur vocation sublime, s’y étant engagés sans y être bien préparés. Saint Jean Chrysostome, par exemple, a écrit : « Aussi à quel châtiment sévère doit s’attendre celui qui, non seulement doit rendre compte des offenses qu’il a lui-même commises, mais également encourt un danger extrême en raison des péchés commis par d’autres? » (Sur la prêtrise. 3.[17]), alors que saint Cosme d’Étolie signale que le prêtre doit « [se] représenter les boutons de son étole comme étant les âmes des Chrétiens; devrait-il en perdre un seul qu’il devra en répondre au jour du jugement » (Troisième enseignement. 161).

N’aurais-je donc dû pas fuir l’ordination comme l’ont fait plusieurs dans notre Tradition? Qu’ai-je donc à offrir pour justifier mon avancée vers ce grand mystère?

Tout ce que je peux offrir est mon désir brûlant, datant maintenant de plus d’une décennie, d’être un serviteur des mystères de Dieu (1 Corinthiens 4:1), de servir le Christ en tant que prêtre, désir auquel s’ajoute une ferme conviction que ma propre conversion est liée à cette vocation. Je crois que si je n’avais pas franchi ce pas en dépit de mon indignité, cela aurait été, d’une certaine façon, dire non à ce que Dieu attendait de moi. Aussi, prenant appui avec confiance sur cette affirmation, à savoir que « la force de Dieu se déploie dans la faiblesse », priant notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, ainsi qu’implorant l’intercession de la Très Sainte Theotokos et de saint Jean le Théologien, je suis maintenant prêt à me présenter en « sacrifice vivant » (Romains 12:1).

Que Dieu aie pitié de moi. Pères, frères et sœurs, pardonnez. « Je suis [le serviteur] du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole » (Luc 1:38).