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Les monastères sont au cœur de la vie orthodoxe

Au début du 20ème siècle, le Canada comptait plusieurs communautés monastiques actives, surtout dans les trois provinces des Prairies. Il est certain que le saint Archevêque Arseny, au cours de ses labeurs missionnaires, a joué un rôle dans la plupart d’elles. Avec l’augmentation des divisions interethniques et la rupture avec l’É.O.R.H.F., les communautés ont diminué en nombre et ont presque toute disparu vers 1970. À cette époque, il ne restait que quelques moines et moniales dans l’Église orthodoxe russe hors frontières.

En 1980, quelques moines solitaires ont commencé à faire leur apparition et de petits groupes monastiques ont surgi. Au début des années 1990, notre Archidiocèse comptait quelques moniales (vivant seules) et furent fondés trois monastères grecs cénobitiques, dont deux existent encore maintenant. Ces deux monastères de femmes prospèrent aujourd’hui à la campagne, non loin de Toronto et de Montréal. La communauté historique monastique de Bluffton en Alberta est toujours en activité mais se trouve en situation de schisme. Il n’existe pas d’autres communautés d’importance. Cependant, dans notre Archidiocèse, nous avons des «ensemencements» et des «bourgeonnements » de communautés dans tout le pays. Ainsi, en Colombie-Britannique se trouvent deux petites communautés d’hommes et une, en Nouvelle-Écosse, ainsi qu’au Québec et en Ontario.

En plus de ces communautés, on compte aussi des solitaires, masculins et féminins, vivant en divers lieux du pays, de la Nouvelle-Écosse à la Colombie-Britannique. Parce que les moines et moniales doivent appartenir officiellement à quelque communauté et aussi parce que ces solitaires sont en quelque sorte des missionnaires, nous avons instauré deux communautés pour leur servir, au moins spirituellement, de « port d’attache ».

La manière idéale d’instaurer des communautés monastiques, soit de faire venir de l’étranger des moines et moniales d’expérience, a été mise en application dans la Métropole grecque de Toronto, ce qui n’a pas été possible dans notre Archidiocèse. Nos moines et moniales ont, pour leur part, acquis une expérience personnelle suite à des séjours, de longue ou courte durée, dans divers grands monastères situés en Amérique du Nord ou à l’étranger.

Les monastères sont au cœur de notre vie orthodoxe et les gens aiment visiter les moines et moniales pour recevoir l’aide spirituelle, le soutien et le sentiment d’un rafraîchissement contribuant au renouveau de leur engagement envers le Christ. En venant chez des personnes qui vivent leur vie dans le repentir, ils espèrent trouver de l’aide quant à leur propre cheminement de repentir. Parce qu’ils luttent en solitude dans notre pays, nos moines et moniales sont un signe d’encouragement pour les fidèles qui livrent leur propre combat, tout comme ils leur donnent de l’espoir et du courage en vue de persévérer.

Depuis leur instauration peu de temps après l’époque des apôtres, les monastères se sont avérés être au cœur de la vie orthodoxe. Le saint prophète, précurseur et baptiste du Seigneur Jean fut un chef de file en ce qui a trait au mode de vie monastique à venir. Il s’est retiré dans des lieux sauvages et désertiques pour y prier. Il a vécu ici et là dans des grottes sur les rives est et ouest du Jourdain. Dans la solitude, il a ouvert son cœur au Seigneur et a été rempli de Son amour. Il a préparé la voie à notre Sauveur et c’est pourquoi on lui a donné le nom de Précurseur. Parce que la lumière de l’amour de Dieu brillait en lui, plusieurs disciples vinrent à lui et, plus tard, suivirent le Christ.

L’expérience du Précurseur peut être vue comme étant le paradigme selon lequel a continué de se développer la vie monastique qui, par la suite, sera organisée de manière plus formelle. De tous temps, il y a eu des hommes et des femmes qui ont aimé notre Seigneur au point de ne vouloir simplement que vivre seul avec Lui, afin de Le contempler et de contempler Son Amour. En vue d’une communion d’amour ininterrompue avec notre Sauveur, ces personnes se sont donc retirées dans un lieu tranquille et sauvage. Certaines d’entre elles ont vécu dans des grottes, d’autres, dans les arbres, d’autres encore dans des huttes, des abris de fortune ou sur des colonnes. Elles ne possédaient que peu de choses ou rien du tout, telle sainte Marie l’Égyptienne. Tout comme cette dernière, elles n’ont pas fui le monde dans le but d’y échapper. Elles ont quitté le monde en vue de faire face à la vérité en ce qui les concernent et ce, dans le contexte de leur amour pour le Christ Qui était avec elles dans ce lieu sauvage. Marie l’Égyptienne a dit qu’il s’est passé plusieurs années avant que le tentateur ne cesse finalement d’utiliser ses souvenirs pour la faire retourner en arrière; elle a trouvé la guérison grâce à l’amour du Christ mais a dû livrer un grand combat. S’ils ont quitté le monde, Marie et les autres n’en ont jamais été séparés. Retirés en solitude, alors que croissait leur amour pour le Christ, ils ont plutôt retrouvés dans leur cœur tous ceux qu’ils avaient laissés derrière eux et ils intercédaient pour eux. Et, en effet, ce fut là l’une des voies par laquelle Marie l’Égyptienne a pu obtenir la guérison de son propre passé : elle a prié pour tous ceux qu’elle avait rencontrés, les ouvrant ainsi par ses prières au toucher aimant et guérisseur de notre Sauveur.

Dans un livre, le Synaxaire, est présenté en résumé, pour chaque jour de l’année, les vies de saints décédés ce jour-là. Lu généralement durant les repas dans les familles monastiques, ce livre contient de nombreuses descriptions quant aux combats menés par les moines et moniales en vue du repentir, ainsi que les souffrances de ceux et celles qui ont été tués à cause de leur amour pour le Christ. Il est utile de le lire régulièrement, les combats héroïques des personnes rencontrées en ces pages pouvant devenir ainsi source d’encouragement dans nos propres vies.

Un moine à qui on demandait « Que font les moines dans ce monastère? » a répondu : « Nous tombons et nous nous relevons. Nous tombons et nous nous relevons. » Cela décrit bien ce qu’est la vie monastique. Les moines et moniales ne sont pas des « Chrétiens professionnels », non plus que des « Chrétiens spécialistes ». Ils ne suivent pas de cours universitaires particuliers en vue d’apprendre comment être moines et moniales. Ils placent plutôt leur cœur, leur esprit et leur être entier dans les bras de notre Sauveur Jésus Christ, ne se préoccupant que de vivre dans l’ambiance de Son amour. Ils ne désirent que Lui plaire, tout comme un être humain souhaite le faire pour un(e) bien-aimé(e). En Christ, il s’agit d’une sorte d’amour beaucoup plus profond. Par conséquent, ils donnent toute leur vie en vue de n’être préoccupés que de Lui, que de Lui plaire et Le servir. Ils se considèrent alors morts au monde, et même déclarés perte totale par le monde, parce qu’ils ont cessé de se sentir concernés par les valeurs du monde. Les moines semblent être tellement stupides aux yeux du monde qu’ils deviennent véritablement perte totale pour celui-ci. Ils se considèrent comme étant méprisables mais cela leur importe peu, parce que le Christ les aime et qu’ils aiment le Christ. Ils se considèrent comme étant inférieurs à quiconque. Ils sont ainsi parce leur amour pour notre Sauveur Jésus Christ occupe la première place dans leur cœur et dans leur vie. Cet amour pour Jésus Christ purifie et rend possible tout le cours de leur existence. Leur vie porte la marque de la paix et de la joie, ces deux indices de la présence et de l’activité du Saint Esprit. Ce sont des personnes qui se tournent quotidiennement vers le Christ, qui Le choisissent quotidiennement.

Les gens visitent les monastères parce que, par l’exemple de leur vie, les moines et moniales leur montrent que la vie chrétienne peut être vécue. En Dieu, tout est possible (voir Matthieu 19 :26; Luc 1 :37).